Peut-on tordre le cou au capitalisme?

La pensée de droite est historiquement liée à l’Aristocratie (littéralement le pouvoir aux plus forts), des Grecs qui possédaient des esclaves au régime féodal tombé avec la Révolution française. La Suisse vote majoritairement à droite, il est tout aussi facile d’être de gauche, sur les traces de Karl Marx, qui défendait les prolétaires contre les bourgeois qui les aliénaient. Et pour cause : selon le vieux barbu, tandis que l’intérêt du travailleur est d’obtenir le plus possible de rétribution par son travail, les exploitants cherchent uniquement la performance (produire un maximum à moindre coût), engendrant une lutte des classes inévitable. Les riches sont là pour faire rêver les pauvres, écrivait Maître Bonnant, célèbre avocat du barreau genevois, de façon délibérément provocatrice. 

À droite, on veut toujours plus. On partage si on le peut, mais on est globalement contre la redistribution des richesses. Socialisme et communisme s’opposent alors au capitalisme. Et le fossé est toujours présent entre les classes sociales, car l’argent amène le pèse, le flouze, le fric, les dollars. Ceux qui le possèdent ne bossent pas au mérite. Dans cet American way of Life, les riches capitalisent. Ont-ils tort ? Le capital a aussi ses bons côtés : réinjecter de l’argent dans une entreprise pour la faire fructifier et grandir, faire travailler le peuple, créer des richesses, qui serait contre ? Le fait est que l’on n’a pas trouvé mieux depuis et les idées de la décroissance se heurtent à une économie de marché qui ne change pas de cap. Car comme le relève Gilles Lipovetsky, le moteur du capitalisme réside dans le fait de tout démoder, rendant les objets désuets, nous rendant captifs d’un système consumériste sans fin. La crise du covid-19 semblait l’avoir ébranlé, mais la machine est repartie à coups de milliards injectés dans l’économie mondiale. 

Rouge contre bleu. URSS contre États-Unis. Le célèbre Rocky IV de Sylvester Stallone est une belle métaphore de cette Amérique meurtrie qui, dans un ultime souffle salvateur, à travers ce boxeur nommé Ivan Drago qui crie le nom de son Adriane, écrase la montagne de l’ex-URSS et l’envoie dans les cordes, K.-O. Sous nos latitudes, le capitalisme a gagné le combat depuis fort longtemps. Et il n’a plus vraiment d’adversaire.

Pour aller plus loin:

Karl Marx, Le Capital, 1867

Aux origines du capitalisme

Sylvester Stallone, Rocky IV, 1985

Jean Baudrillard, La Société de consommation, 1970

Gilles Lipovetsky, L’Ere du vide, 1983

À l’amour, à la mort

L’acte sexuel est une mise à mort. Le coït une petit mort. L’acte d’amour charnel, de reproduction, nous vient d’instincts primaux ancestraux. Cela s’apparente à quelque chose de bestial, de violent parfois. Les mantes religieuses femelles mangent le mâle après l’acte sexuel. Pas de happy end… Seule la descendance survit, dans un acte d’amour sacrificiel. 

Pour le dire autrement, il n’y a pas de création sans destruction. Comment sortir de cela ? Il faut peut-être accepter que nous soyons des êtres de vie et de mort. Se sublimer revient à pouvoir transcender la réalité. Le véritable amour n’est-il pas de voir le monde tel qu’il est et nous regarder dans un miroir non déformant ? Sans morale. Amoraux. 

Si certains se tatouent des arcs-en-ciel, d’autres se marquent de têtes de mort. Car il y a quelque chose de fascinant dans la mort, dans la destruction, dans le vice. Un interdit que l’on peut transgresser. La mort peut être belle aussi, comme dans « Une Charogne », le sublime poème de Baudelaire dans lequel il rend belle, avec toute la force poétique de sa plume, la décomposition putride de la chair au soleil. 

Si la mise à mort d’un taureau provoque chez tout un chacun la révolte, le dégoût et la compassion intense devant un tel acte de barbarie, d’aucuns sont  par la superbe qu’il voient chez le toréador qui combat une bête qu’il s’apprête à anéantir du fil de son épée. Tue-t-on des taureaux par amour ? Nous ne pouvons que regretter que la barbarie soit de tout temps et qu’elle ne cesse pas. La culture, c’est l’arrachement à la barbarie, paraît-il. 

Finalement, quand on mange en amoureux un steak au restaurant, une bougie sur la nappe dressée, la question n’est peut-être pas ce que l’on mange, mais qui l’on mange. Vous l’aimez saignant, votre filet de bœuf ?

Pour aller plus loin :

André Compte Sponville, Le Sexe ni la Mort : trois essais sur l’amour et la sexualité, Lgf, 2014.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857.

Chronique de Michel Onfray

Le Sexe ni la mort, André Comte-Sponville

Sartre : un polyamoureux irresponsable en amour

Il emmenait ses élèves à la boxe et chez les prostituées. Elle portait des jeans et on lui crachait dessus dans la rue. Le couple mythique dansait au Café de Flore à Paris et s’aimait de façon contingente. Un amour complexe. Sans attache. Non nécessaire. Car l’Amour, selon Sartre, c’est la possession d’autrui. Le pape de l’existentialisme voulait se sentir libre. Libre de refuser le Nobel de littérature, libre de se sentir libre sous l’Occupation, libre d’aimer son « Beaver » – son castor –, comme il appelait une Simone de Beauvoir qui a dû composer avec ses études, faire figure de proue du féminisme en France et assumer des « amours contingentes », quitte à en perdre la tête.

Aujourd’hui, on dirait de Sartre qu’il était polyamoureux. Aimer plusieurs personnes en même temps. Pourquoi pas. Tout le problème vient du consentement d’autrui. Est-on prêt à renoncer à notre conception conservatrice de la fidélité pour assumer nos envies, nous sentir libres, être des existentialistes du XXIe siècle ? L’amour et la liberté, couple difficilement conciliable. D’ailleurs, un mariage sur deux finit en divorce. Fidélité, liberté et amour. Difficile de ne pas céder à nos tentations. Sartre était-il responsable de ses actions et assumait-il le mal qu’il faisait à sa compagne qui l’aimait éperdument ? 

Si la citation de Beaver « un homme sur deux est une femme » nous renseigne sur le XXe siècle, on peut se demander si l’inverse n’est pas aussi vrai aujourd’hui.

Pour aller plus loin:

Pierre de Bonneville, Sartre et les Amours Contingentes : Essai, L’éditeur, 2018.

France culture

Article de L’Express

Ilan Duran Cohen, Les Amants du Flore, 2006

Sommes-nous condamnés à être libres ?

On aime faire rimer liberté avec possibilité faire ce que l’on veut. Dans un monde où nous serions seuls, pourquoi pas. Mais en tenant compte d’autrui, les autres animaux et même les plantes et notre planète, notre liberté s’arrête là où commence la leur. Nous ne sommes pas seuls. Impossible donc d’être totalement libres, au risque de faire n’importe quoi.

La liberté réside plutôt dans la capacité à faire des choix, y compris celui de renoncer. Non seulement faire des choix, mais faire les bons, et les assumer. Jean-Paul Sartre affirmait que seules nos actions nous définissent. Si nous sommes bienfaisants, nous faisons le bien autour de nous, alors nous sommes des êtres bons. Plus encore : pour lui, nous sommes condamnés à être libres. Impossible de nous soustraire à la liberté. C’est un cadeau de l’existence. Pas de mauvaise foi possible. « Ai-je dû mentir ? » Non, nous sommes libres de ne pas le faire. « Je n’avais pas le choix. » Si, on l’a toujours.

Contraints d’être libres de nos actions et de nos choix implique que nous sommes responsables de nos actes. Totalement. Nous portons l’entière responsabilité de ce que nous faisons, de ce que nous disons. Imaginez un monde où les hommes porteraient l’entière responsabilité de leurs actions. Les arbitres de football perdraient leur job… 

Pour aller plus loin :

Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Paris, Folio Essais, 1996.

Jean-Paul Sartre, L’Être et le Néant : essai d’ontologie phénoménologique, Paris, Tel Gallimard, 1976

Les Nouveaux chemins de la connaissance

MorningNotes TV : Épisode n°331

Douter de la croyance, croire en la force du doute

            Que suis-je ? Question banale en apparence. Et pourtant. Pour les uns, je suis un produit d’un ou plusieurs dieux, doté d’une autonomie et d’une responsabilité qui passent de presque rien à presque tout. Pour d’autres, nous serions d’abord des êtres sensibles, et dotés d’intelligence. Nous pouvons aussi simplement nous considérer comme des êtres inscrits dans une durée, existant de fait de notre naissance à notre mort, possédant cette fabuleuse faculté nous distinguant sans doute en grande partie de la plupart des animaux : nous savons que nous sommes. Être ou ne pas être, telle n’est donc pas la question, comme aimait à le rappeler le généticien et philosophe français Albert Jacquart. Pour les autres encore, constat plus récent, nous sommes de la poussière d’étoiles, agrégat complexe organique à la dérive depuis quelque 14 milliards d’années, Robinsons isolés sur un caillou tournant sur son axe dans un univers infini dont le centre est à la fois partout et nulle part. On pourrait donc dire que la civilisation a initié son voyage sur les rives du credo ergo sum, a navigué sur les eaux du cogitocartésien pour s’échouer sur une terre aride, factuelle et scientifique : sum. De la métaphysique à la physique moderne. De la croyance à l’athéisme, au matérialisme.

            Notre vie entière est donc façonnée par cette question. Car « ce que je suis » va définir ce en quoi ou en qui je crois (en un dieu ? en l’homme ?), mes valeurs (une certaine éthique, religieuse ou laïque), une épistémologie (que puis-je savoir ?), une esthétique (qu’est-ce qui est beau ?), un certain rapport à l’espace (où dois-je me situer, dans quel monde ?) et au temps (un temps cyclique ? téléologique ? depuis quand existons-nous ?). Nos vies sont bercées par notre culture, elle-même dépendante de notre héritage religieux : un enfant issu de la laïcité soustrait à toute éducation théologico-métaphysique ne ressemble guère à son homologue biberonné au sacré.

            Reste que deux questions semblent capitales, probablement corrélées et souvent jetées aux oubliettes de nos préoccupations quotidiennes : y a-t-il un créateur ou une force créatrice à l’origine de nos origines ? Et que représente la mort d’un homme, autrement dit, existe-t-il un après ? 

            J’ai toujours été frappé ou par une certaine tendance à tourner le dos à ces questions, ou par l’assurance qui semble émaner des hommes, quels qu’ils soient, philosophes érudits ou individus sans histoire, lorsqu’ils se positionnent fermement, comme si tout était si simple, comme si les réponses allaient de soi. 

            Il va sans dire qu’un croyant doit avoir plusieurs bonnes raisons d’avoir la foi. Beaucoup de pratiquants le sont de père en fils et pérennisent leur culture, bouillon dans lequel ils sont tombés quand ils étaient enfants. Changeraient-ils de religieon s’ils prenaient le temps de parcourir l’éventail du catalogue complet en matière d’offre religieuse ? Auraient-ils opté pour leur confession si on ne les avait pas éduqués ainsi, nés dans une contrée différente ? On ne peut que penser que croire offre des réponses satisfaisantes à ce qui touche au mystère, cette sphère se situant hors du champ de ce que la raison nous permet d’appréhender, comme Emmanuel Kant l’a théorisé au XVIIIe siècle : le monde a été créé par untel (ou telle force), il se structure ainsi, se régulant selon tel principe, offrant une boussole confortable et parfois même un parachute doré pour des paradis non artificiels. Qui ne signerait pas ? Certes, croire comporte aussi son lot de contraintes, pensons au devoir de prière, à certains rituels, aux règles à respecter, aux restrictions éventuelles. Il me faut rappeler que la foi, fides, désigne étymologiquement la « confiance » ou « celui qui inspire confiance ». Aussi, quand j’ai la foi (pour ma part, de façon très utilitariste, quelques jours par année et quand cela m’arrange), je me sens apaisé. Et ceux qui en sont dotés inspirent effectivement quelque chose de l’ordre de la confiance, une certaine sérénité, une forme de tranquillité de l’âme. Si fumer tue, prier ou croire doit très probablement prolonger l’espérance de vie. 

            Il n’empêche, comment ne pas être perplexe face à tant de sérénité. Peut-on véritablement avoir confiance en un dieu génocidaire (pensons à l’épisode du Déluge) ? Comment se résoudre à accorder du crédit à ce Dieu chrétien « trois en un » mort sur la Croix pour racheter la nature peccamineuse de l’homme après avoir accompli son lot de miracles, homme-dieu ayant survécu à la mort ? Il me semble qu’un croyant n’a d’autre choix que de douter, face à tant d’inévidentes évidences. Et si ce doute peut parfois contribuer à freiner sa croyance, il devrait bien plutôt en constituer son moteur, celui d’une confiance qui n’aurait précisément rien à voir avec un quelconque aveuglement, d’une foi qui ne serait pas synonyme de crédulité, un doute qui signifierait que si nous faisons confiance, c’est bien que, quelque part, nous ne sommes pas si certains que cela de l’origine de nos origines, de la direction que doivent prendre nos actions ou nos interprétations des textes dits sacrés, qu’il subsiste une incertitude quant à notre sort après la mort, etc.

            Reste que nous vivons aujourd’hui dans un monde rationaliste et technocratique où la science propose une explication satisfaisante à la plupart de nos questionnements, un monde hérité de Copernic, Galilée et Newton en somme. Devant tant d’évidences scientifiques, il paraît cohérent de se demander ce qui nous pousserait encore à croire. Après avoir lu Darwin qui donne un grand coup de pied dans la fourmilière des thèses créationnistes, après avoir parcouru quelques-unes des philosophies dites du « soupçon », Feuerbach tentant de lever le voile sur les illusions du christianisme, Nietzsche annonçant la mort de Dieu, et vivant tous quotidiennement assaillis par l’immense production du nouveau dieu appelé communément « science », nous serions tentés de troquer nos bancs d’église contre un microscope. Le Dom Juan de Molière, symbole d’un homme annonçant un certain esprit des Lumières, n’avait-il de bonnes raisons de se dresser contre toute forme de croyance et d’adopter une posture d’athée radical, provoquant Dieu à l’extrême, tentant de prouver son inexistence par le biais d’une attitude tenant du blasphème généralisé ? Le personnage de Molière, athée jusquà la moelle, semble néanmoins aussi doctrinal et inconséquent que le Dieu qui finit par le punir de ses péchés paraît ridicule. Autrement dit, un incroyant radicalisé qui s’engage corps et âme contre dieu, ou un athée plus modéré qui considérerait plus simplement qu’il n’a pas besoin de dieu(x) pour faire avancer la science adoptent des postures qui me paraissent être autant d’impostures. En effet, si l’on ne peut prouver l’existence de ce qu’on appelle « dieu » (bien que certaines preuves aient été avancées par des philosophes, preuves qui n’ont jamais, soit dit en passant, amené quiconque à se convertir), on ne peut pas davantage prouver son inexistence. 

            Là encore, on en oublie de douter, à l’instar de Dom Juan. Comment expliquer l’existence d’une créature, sinon par un principe de création ? Quand bien même, qu’on l’appelle « dieu » ou « premier principe », ce dieu des philosophes, causa sui, l’hypothèse n’en est pas plus convaincante. Soit nous régressons à l’infini, pour imaginer le créateur du créateur, soit nous nous autorisons un tour de passe-passe de la pensée, en créant le concept d’un être puisse être cause de lui-même, hors de toute chaîne causale. Autant tenter de dénombrer l’infini ! Disons-le dans un langage plus moderne : qui peut affirmer pouvoir se contenter de la théorie du Big Bang, autre visage d’un dieu plus contemporain ? Notre univers infini émanerait d’une boule d’énergie de la taille d’une tête d’épingle ? Cette thèse ne me persuade pas davantage que celle d’un Être ayant créé le monde en six jours.

            En somme, devant tant de réponses proposées, la seule posture qui me paraisse tenable est celle du doute. Non pas ce doute hyperbolique dont nous parle Descartes, mais cette faculté de remettre systématiquement en question nos connaissances ou nos croyances en concédant qu’aucune ne paraît pleinement convaincante, qu’aucune ne mérite qu’on se batte en son nom, que ce doute qui agit comme un principe de précaution épistémologique conduit nécessairement à une forme d’humilité. Aussi, nous avançons en agnostiques, plus ou moins à tâtons, au sens où nous sommes parfaitement incapables de dispenser une vérité qui échapperait à sa remise en question. On oublie trop souvent qu’une vérité révélée n’a rien d’une vérité, et qu’une loi scientifique n’est vraie que tant qu’elle n’est pas invalidée. Autrement dit, même le discours scientifique doit douter de lui-même, prêter le flanc à sa négation ou, pour le dire avec Karl Popper, être falsifiable. 

            Il n’en demeure pas moins que nous pouvons choisir une voie plutôt qu’une autre, opter librement pour telle croyance ou revêtir l’habit de l’athéisme, mais nous ne pouvons pas ne pas accepter qu’il existera toujours une part d’incertitude de laquelle nous devons précisément tirer parti. Cette attitude consistant à avancer prudemment tenant compte de la nécessaire part de doute inhérente à chaque pensée n’a rien d’une faiblesse. Bien au contraire, c’est une force qui garantit plus d’exactitude dans notre quête de vérité, véritable moteur de nos réflexions. Croire en la force du doute, s’autoriser à douter de toute croyance, c’est la garantie d’un dialogue fécond entre les hommes. 

Pour aller plus loin:

Karl Popper. La logique de la découverte scientifique. Traduit de l’anglais par Nicole Thyssen-Rutten et Philippe Devaux. Préface de Jacques Monod, Prix Nobel. Editions Payot, 480 pages, Paris, 1973

André Comte-Spongille, L’esprit de l’athéisme: introduction à une spiritualité sans Dieu, Lof, 2008

France culture

La religion, un défi pour la raison?

La réalité virtuelle signera la perte de l’humanité

La réalité virtuelle signera la perte de l’humanité

 

Bienvenue dans le tout immersif. Les ordinateurs simuleront bientôt tout. Nous jouerons un casque sur le visage, les ordinateurs et quelques senseurs remplaceront les orgasmes, et feront revenir les morts d’outre-tombe. C’est déjà fait. Gageons que rares seront les utilisateurs qui iront visiter le musée du Louvre depuis leur salon, même s’il y en aura…

 

Le film de Steven Spielberg intitulé Ready Player One est à cet égard très parlant. Un jeune garçon va faire évoluer son avatar depuis son salon. Une course pour des dollars et des clés virtuelles. Un peu comme si le monde était renversé, et que la réalité virtuelle avait pris le dessus sur le monde réel, devenu pour le coup morne et terne.  

 

Comment résister à la tentation d’un monde où tout est possible, tous les fantasmes potentiellement réalisables, tout à portée des yeux et des mains depuis notre salon?  

 

Là encore, l’extraordinaire WALL-E d’Andrew Stanton nous renseigne. La technologie a ses dangers. Écologiques et humains. Ces humains qui ont dû quitter la terre et sont devenus obèses car devenus incapables de prendre leurs gambettes pour aller visiter le Louvre à pieds et regarder La Joconde droit dans les yeux. Est-ce qu’elle nous verra où que l’on soit, La Joconde virtuelle ?

 

Pour aller plus loin : 

Rodolphe Gelin, Comment la réalité peut-elle être virtuelle ?, Le pommier, 2006. 

France culture 

Steven Spielberg, Ready Player One, 2018 

Andrew Stanton, WALL-E, 2008