Il était une fois un esclave qui décide de s’enfuir de la caverne dans laquelle il est enfermé, enchaîné avec quelques hommes de mauvaise fortune. Derrière eux, un feu brûle et, entre ce feu et la paroi qu’ils observent chaque jour, des hommes passent avec des formes sur des bâtons. En bougeant, celles-ci forment des ombres projetées sur la paroi que les esclaves prennent pour la réalité, n’ayant aucun autre repère que leur petit monde caverneux et sombre. Mais lorsque l’esclave sort enfin, il met les pieds sur l’herbe verte et découvre le soleil qui lui brûle les yeux. Après quelques minutes, il découvre le « vrai » monde, un monde de couleurs et d’odeurs formidables. La réalité. Toute nue et sublime.
Saisi de stupeur, il redescend prévenir ses compagnons d’infortune. La caverne était une matrice! Mais ceux-ci ne le croient pas. C’est un menteur. Alors ils le tuent.
Platon raconte cette allégorie au livre VII de La République, une image parlante, pour évoquer sa philosophie. Nous vivons tous dans nos cavernes. Et nous devons en sortir pour découvrir le soleil, la vérité, la réalité, le monde des idées. Mais le soleil brûle parfois. Il est le beau, le bon, le bien.
Le philosophe est celui qui ose se déchaîner et arpenter le monde tel qu’il est. Tel un idéaliste. Il faut tenter de sortir de la matrice chaque jour un peu plus. Comme Neo dans Matrix par Les Wachowski. Neo est nouveau. Neo est philosophe. Neo est platonicien. Mettez vos lunettes pour regarder le soleil, comme lui…
Pour aller plus loin :
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Platon, La République
- Alain Badiou, Matrix : machine philosophique, Paris, Ellipses, 2003
- L’allégorie de la caverne en images
- Parle-moi de philo
- Les Wachowski, Matrix, 1999