Sommes-nous seuls dans l’univers, ce monde infini, en constante expansion, composé de milliards d’étoiles et de planètes ? La probabilité est bien mince. Toutefois, il est fort peu probable que nous tombions un jour nez à nez avec un extraterrestre. Et si ça arrivait ? Seraient-ils gentils ou méchants ? La question que soulève le film Premier Contact, de Denis Villeneuve, est sans doute la plus pertinente : comment pourrions-nous le savoir, si nous ne pouvons communiquer avec eux? Ces œufs immenses qui colonisent plusieurs endroits du globe habités par des créatures étranges qui communiquent par des dessins fabuleux derrière une vitre tels d’immenses calmars venus d’ailleurs mettent à rude épreuve les meilleurs linguistes de la planète.

Le contact avec l’autre en tant que tout autre a toujours fasciné les hommes depuis qu’ils ont conscience de n’être qu’un grain de sable dans l’univers. Voltaire imaginait déjà un géant de 32 km de haut arriver sur notre petite planète bleue depuis Sirius. Les hommes, tels des Lilliputiens, se voyaient offrir une leçon de vie puisqu’avant de repartir, ce microméga offrait un cadeau aux humains : celui d’un livre contenant les secrets de la vie et de l’univers. Et à ces derniers de l’ouvrir et de constater que les pages sont vierges, que tout est à écrire. Ou qu’il n’y a rien à dire… Plus récemment, E.T., le célèbre long métrage de Steven Spielberg, a fait rêver tant d’enfants, en racontant la rencontre du troisième type avec un petit être dont un jeune garçon se prend d’affection et qui cherche désespérément, à coups de « téléphone maison », à retrouver les siens, sans aucune intention malveillante. C’est l’homme qui maltraite ce petit bout d’alien. Comme dans King Kong, la bête, c’est l’homme et la ville,  c’est la jungle.

Plus intéressant encore, le film d’animation Planète 51, de Jorge Blanco, tend un miroir déformant aux êtres humains dans un genre de Lettres persanes peuplée de petits hommes verts ressemblant à s’y méprendre aux habitants de la Terre renverse la donne. L’extraterrestre, c’est lui !

Henri Bergson propose une expérience de pensée inédite (Les Deux Sources de la morale et de la religion) : si les hommes se reconnaissent et s’assemblent, c’est qu’ils se posent en s’opposant. Je suis moi car je ne suis pas toi. D’une famille naît un village. D’un village un canton. D’un canton une nation, puis un continent. Mais les continents ne se réuniront jamais dans les projets de paix perpétuelle kantienne, si l’on en croit Henri Bergson, car ils existent en s’opposant, dans leur complémentarité et leurs différences. Un américain n’est pas européen. D’ailleurs, l’Europe a été unifiée pour s’opposer aux grandes puissances mondiales comme les Etats-Unis.

Mais si les extraterrestres débarquaient sur terre, parions que Bergson aurait tort, que nous n’aurions d’autre choix que de nous réunir dans un élan planétaire. 

Alors, à quand notre rencontre avec les aliens ?

Pour aller plus loin :

Henri Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion, GF, Flammarion, 2012. 

Thibaut Gress et Paul Mirault, La philosophie au risque de l’intelligence extraterrestre, Vrin, 2016. 

Voltaire, Micromégas, 1752.