Clytemnestre, celle qui est célèbre pour ses complots, est la femme d’Agamemnon, roi de Mycènes. Elle a déjà tué son précédent mari Tantale, ainsi que leur enfant. Elle donne naissance à quatre marmots : Iphigénie,  Chrysothémis, Électre et Oreste. Incapables de pouvoir partir à la guerre de Troie à cause de vents contraires lancés par Artémis, Agamemnon sacrifie sa fille Iphigénie sur l’autel d’Artémis. Par vengeance, le roi sera tué par sa femme en guise de vengeance à son retour de Troie. Oreste a vingt ans et reçoit un oracle : venger la mort de son père. Électre l’ambrée va aider son frère à assassiner leur mère, Clytemnestre.

C’est à partir de cette histoire mythologique que Carl Gustav Jung a théorisé le complexe d’Électre, équivalent pour les filles du complexe d’Œdipe freudien que Sigmund Freud lui-même a repris et critiqué. Vers 4-5 ans, le petit d’homme entre en concurrence avec son père ayant pour objet de désir sa mère, ayant peur de la castration (absence de pénis observée chez la mère ou la fille). Cette peur de la castration met fin au complexe d’Œdipe, ce qui amènera le garçon à être attiré par les filles à l’adolescence et conditionnera son rejet pour les hommes et fera naître en lui son hétérosexualité. Pour le dire autrement, l’homosexualité masculine serait selon Freud conditionnée par un Œdipe mal négocié.

Pour les petites filles, il en va bien autrement. En effet, selon Jean Laplance, « l’absence de pénis est ressentie comme un préjudice subi qu’elle cherche à nier, compenser ou réparer ». Aussi la demoiselle est-elle frustrée de ne pas en avoir ! La petite fille aimerait donc son père, ce héros, que pour lui soutirer son pénis en comblant un manque anatomique fondamental… Dans cette quête pour obtenir ce Graal, la mère fait office de rivale. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’une femme sublimerait son désir de pénis ressenti durant l’enfance, trouvant un partenaire sexuel. Mais, même à l’âge adulte, selon Freud, la femme ne résoudrait jamais totalement son complexe d’Électre, sa condition étant liée à un manque, et expliquerait pourquoi les femmes seraient moins stables que les hommes sur le plan psyschique, hystériques ou caractérielles. Durant son développement, la fille grandissant continuerait de s’identifier à sa mère, même si elle est considérée comme une rivale. Ce qui expliquerait les rapports particuliers et complices qu’entretiennent souvent une mère et sa fille.

Evidemment, il faut considérer que les filles ont une connaissance de l’anatomie masculine suffisamment riche à cet âge pour que la théorie tienne. Combien de jeunes filles voient leur père ou un homme nu ? Difficile de désirer un pénis quand on n’en a jamais vu… Bien évidemment, les féministes de tous horizons détestent cette théorie, puisque les filles seraient des hommes avec un objet en moins, le pénis, manque qu’elles désireraient combler, des garçons privés de pénis en somme, dans une négativité jugée outrancière. Autre conséquence, le complexe d’Électre n’étant jamais vraiement résolu, l’homosexualité féminine s’expliquerait plus facilement. Autrement dit, même la psychanalyse est sexiste. 

Pour aller plus loin:

Christian Godin et Gilles-Olivier Silvagny, La psychanalyse pour les nuls, First, 2012.

Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontais, Vocabulaire de la psychanalyse, 1967, Éd.: Quadrige/PUF, 2007.

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