Les robots sont partout. Les écrans nous envahissent. Comme le disait Frédéric Beigbeder dans son ouvrage satirique intitulé 99F, « l’œil humain n’avais jamais autant été sollicité de toute son histoire : on avait calculé qu’entre sa naissance et l’âge de 18 ans, toute personne était exposée en moyenne à 350000 publicité. » Et à l’auteur français d’ironiser : «jamais de repos pour le regard de l’homo consommatus ». La publicité est universelle et omniprésente.
Mais il y a pire que la publicité. L’intelligence artificielle va s’emparer de nous. Les drones amazoniens nous livreront nos colis par les airs, les voitures conduiront à notre place. Mais que feront-elles lorsqu’elles se retrouveront face au dilemme consistant à choisir entre prendre le risque de tuer le « conducteur » ou des enfants qui jouent sur la route ?
Les humanoïdes vont envahir nos maisons. Nous les commanderons et ils feront le ménage, la cuisine, et nous coucherons avec eux car nous pourrons choisir nos modèles et ils n’auront rien à dire, comme dans la série de science-fiction suédoise Real Humans : 100% humains de Lars Lundström où les androïdes décident de se rebeller contre ceux qui se sont octroyés leurs services et ont fait d’eux des esclaves de la postmodernité. Sauf que… sauf que l’intelligence artificielle mime la conscience. Et que les gynoïdes risqueront de porter plainte pour viol, car il se pourrait bien qu’un jour les robots possèdent des droits. Devoirs sans droit? Injustice.
Comme dans les romans du grand Isaac Azimov et ses célèbres trois lois de la robotique, les humanoïdes se révolteront et réclameront leur libération après leur asservissement, à l’image du long métrage intitulé I, Robot d’Alex Proyas. Plus encore, ils peuvent se révolter et devenir des machines à tuer, à l’instar des hommes qu’ils sont censés aduler, comme dans la désormais célèbre série intitulée Westworld, où les androïdes esclaves se libèrent de leur carcan et entament une vendetta sanglante sur fond de western spaghetti moderne.
Nanotechnologies, transhumanisme, posthumanisme, l’avenir paraît bien sombre pour ne pas dire dystopique. Les récits de science-fiction se sont fait rattraper par la réalité. Nous sommes à l’heure où toujours plus d’objets sont connectés. Où l’intelligence artificielle a largement dépassé les capacités humaines, et où nous tentons de créer une conscience à partir d’ordinateurs.
Alors gardons-nous de ne pas foncer tête baissée dans la troisième révolution industrielle et n’oublions pas : ce n’est pas à la technologie de nous dominer, mais bien à nous de dominer la technologie.
Frédéric Beigbeder, 99F, folio, 2000.
Isaac Azimov, I, Robot, 1950.
Lars Lundström, Real Humans : 100% humains, 2012-2014